Toulouse Football Club : Un dada pour la Data
En 2020, le Toulouse Fc descendait en 2ème division dans de déplorables conditions. Trois ans plus tard, le « Téfécé » va retrouver la coupe d’Europe après avoir gagné les 2 premiers titres de son histoire. Une (ré)ascension fulgurante pour ce club pionnier à s’être structuré autour d’un outil encore fraîchement accueilli dans le football moderne : la Big data.
Nous sommes le vendredi 26 juin 2020. Par communiqué, le Toulouse Football Club annonce officiellement l’arrêt de ses recours visant à conserver sa place dans l’élite du football français. Une décision prise à contre-coeur, au cours d’une année battant aux rythmes des clusters, huit-clos et confinements… Pour un championnat de Ligue 1 d’abord « gelé » puis déclaré terminé à 10 journées de la fin.
Une position choisie puis tenue par les instances tricolores, alors seule nation parmi les « 5 grands championnats européens » à choisir cette solution. #TiensTiens #SacrésFrançais. Celle d’une saison 2019-2020 terminée après 28 journées seulement, pour un classement non pas laissé en l’état - cela manquerait d’équité ! - mais « projeté » par un savant calcul précis au centième près. Celui de la moyenne de « points gagnés par matchs joués » pour chacune des 20 équipes engagées.
Soit un ratio nouveau il est vrai, au service d’un classement… jumeau à l’arrivée. Enfin cela au détail près, que le Paris Saint-Germain ne devient pas champion pour ses 68 points en 28 matchs joués, mais grâce à sa (meilleure) moyenne de 2,52 points gagnés sur 3 possibles à chaque rencontre sur la saison stoppée/écoulée. Là où de son côté, Toulouse ne finit pas non plus dernier pour n’avoir su récolter que 13 points en 28 journées, non non, mais pour n’avoir su engranger que 0,46 points en moyenne par match jusqu’à l’arrêt du championnat. #DataProduitEnCroix #DataVoilàVoilà.
RedBirds Capital Partners : Un rachat qui fera date à Toulouse
Mais une fois leur descente entérinée fin juin 2020, c’est là que tout va très vite - et bien - s’enchaîner pour le club et ses « pitchounes » de supporters. Un mois plus tard en effet, le fond d’investissement américain « RedBirds Capital Partners » acquiert 85% du capital du Toulouse Fc. Dès lors, les nouveaux propriétaires - valorisés à 3 milliards de dollars - décident de miser et s’organiser autour de la Data.
Un langage déjà courant pour les sports d’équipe « statistiques » nord-américains - Brad pourra vous l’expliquer - mais un pari osé dans un secteur européen installé, souvent rétif à différentes évolutions. Une réalité que notre ex-président de Fédération confirmera sans difficulté ni contrefaçon, par diverses prises de paroles ou positions tant hors-sol qu'à contre ton. #AuRevoirPrésident #EtJoyeuxNoël
Ainsi selon Sam Pope, un analyste recrutement niveau Ligue des Champions, l’objectif premier de la Data revient ici à « réduire au maximum la part d’incertitude et d’aléas » pour les clubs « afin de rationaliser le sport. » Avec cet outil, il devient possible d’obtenir « le maximum d’informations au sujet d’un joueur » aux croisements de « données techniques, tactiques, et physiologiques. » Cela dans l’objectif « de tirer un profit maximum du footballeur. » Comme pour tout secteur atomisé à forte valeur ajoutée, son utilisation dans le football revient alors à chercher, trouver « un avantage compétitif sur la concurrence, notamment au moment du mercato. »
Dans cette optique, la présidence du club est confiée à Damien Comolli (cf photo à gauche). Un biterrois de 47 ans à ce moment, ex-manager général de Tottenham ou encore directeur sportif du Liverpool FC et pionnier dans la data-foot.
Toujours selon le jeune Pope, l’homme met alors directement « en place des objectifs à partir de données pour remonter en Ligue 1. » Afin de se donner les moyens de ses ambitions, il fait analyser en premier lieu « la masse salariale moyenne des clubs qui ont été promus en Ligue 1 depuis 2011. » Cela dans le but de bâtir un effectif en cohérence avec ce chiffre, autour d’une masse salariale quelque peu supérieure à cette moyenne.
Pour le seconder, Julien Demeaux (cf photo à droite) est nommé « Responsable DataFootball ». Une première pour cet ex-ingénieur en aéronautique qui gravite dans l’univers RedBirds depuis un temps déjà. Enfin quelques mois plus tard, un 3ème homme clé arrive en la personne de Brendan MacFarnane. Un écossais de 25 ans au visage poupon, spécialiste de la data sportive, et nommé à la tête de la « cellule de recrutement ».
Ta Da ! La Data du Téfécé en 5 dates clés
Comme confié à France Football, pour premier data-chantier à l’été 2020, Julien Demeaux et son staff souhaitent trouver « un milieu de terrain qui puisse distribuer le jeu et faire progresser le ballon. » Une recherche croisée à une capacité de « casser des lignes et créer de la valeur par ses passes », doublée d’une « constance dans la façon de générer sa dernière passe. » Une expression quasi synonyme de celle de « passe décisive ». Soit le geste le plus décisif, déterminant et donc valorisé dans le football derrière le but / buteur.
Le 7 août 2020 : après une semaine de travail et d’analyse, le club décide de payer la clause libératoire d’un certain Marco Van Den Boomen. Soit 350 000€ pour un milieu de terrain de 25 ans inconnu des radars, joueur de 2ème division néerlandaise à « De Graafschap ». (cf photo ci-après à gauche).
Le 27 août 2020 : Toulouse s’offre les services de Rhys Healey contre 500 000€. Un attaquant anglais de 25 ans, évoluant à « Milton Keynes Dons Football Club » en 3ème division dans son pays. (cf photo ci-après à droite).
Le 7 mai 2022 : après une 3ème place encourageante la première saison, le Téfécé est sacré champion de ligue 2 devant son public. Le titre est fêté jusqu'au Capitole le lendemain. Pour sa seconde saison au club, Marco Van Den Boomen est élu meilleur joueur du championnat avec 12 buts et 20 passes décisives - record égalé - en 37 matchs joués. Bien aidé par les 20 buts et 3 passes décisives de Rhys Healey en 32 rencontres. Tout comme Van Den Boomen, Healey est élu 2 fois « joueur du mois » en championnat. Soit 4 distinctions pour eux sur les 8 possibles au cours d’une saison.
Les deux comparses contribuent ainsi grandement à la remontée du club avec un total de 32 buts et 23 passes décisives en championnat. Soit 55 gestes décisifs sur la saison contre
850 000 € investis un an plus tôt. La présence des deux joueurs sur un terrain « assurant » une moyenne de 1,6 buts par match au Téfécé. Cela pour un « coup unitaire » rapporté à leurs transferts de : 15 454,54545454545454 € le « geste décisif » précisément. Un chiffre qui ne s’invente pas ! #ÇaC’estLaData
Le 29 avril 2023 : Toulouse écrase le Fc Nantes, tenant du titre, en finale de la coupe de France. Score final 5-1. Un match rêvé devant 80 000 spectateurs pour les Toulousains, eux qui mènent 4 à 0 après 30 minutes de jeu. Le titre de « meilleur joueur » de la finale est attribué à Thijs Dallinga. Un attaquant hollandais de 23 ans trouvé également en 2ème division néerlandaise, cette fois à « l'Excelsior Rotterdam ». Un joueur passé en deux saisons de 2 à 12 millions d’euros de valorisation sur le marché des transferts. Lui qui aura mis 18 buts en ligue 1 et Coupe de France confondues.
Le 14 mai 2023 : L’équipe retrouve le Fc Nantes en championnat. Score final 0 à 0 cette fois... Mais un résultat qui suffit à leur joie. Ce « point du match nul » validant mathématiquement le maintien en Ligue 1 du club à 3 journées de la fin. Un championnat traversé sereinement par le promu, conclu par une honorable 13ème place au classement. Cela pendant que ses 2 compagnons d’ascenseur (Ajaccio et Auxerre) voient les portes de la Ligue 1 se refermer déjà sur eux… Pour se réouvrir à l’étage inférieur et un retour à l’envoyeuse Ligue 2.
Passé de victime « d’injustice » à victime « de son succès »
Ainsi, si le téfécé a failli en être privé - pour d’autres nouvelles réalités dans le football moderne - le club va bien retrouver la coupe d’Europe la saison prochaine. Une première depuis 16 ans et une « deuxième » depuis 26 ans. La ville, au travers de son club, sera vue dans 70 pays diffuseurs de la compétition.
Devenu un des meilleurs milieu du championnat français, Marco Van Den Boom vient quant à lui de quitter la Ville Rose pour s’engager avec l’Ajax d’Amsterdam. Un club mythique qu’il avait dû quitter à 19 ans, il y a 10 saisons tout rond comme un ballon, car non conservé à la fin de sa formation.
Côté Rhys Healey, l’attaquant anglais s’est également engagé avec un nouveau club cet été. Direction la fructueuse « Premier League » anglaise et ses salaires démultipliés. À titre de comparaison, le joueur touchait 17 000 € par mois à Toulouse, là où le salaire moyen de son nouveau championnat est de 75 000 Livres (sterling) par semaine. Soit 337 500 livres mensuelles. Belle bibliothèque !
Enfin le transfert ou départ le plus significatif est à retrouver côté coulisse, avec celui de Brendan MacFarnane. Aujourd’hui âgé de 27 ans, l’écossais a en effet annoncé son arrivée chez le grand Manchester City. Soit simplement le meilleur club du monde actuellement, entrainé par Pep Guardiola. Un catalan considéré comme le meilleur de tous les temps, adepte du beau jeu et ayant révolutionné le football par ses idées ces 15 dernières années. Preuve ici et au global de la prise au sérieux nouvelle de cet outil par les géants européens, comme sinon validation des orientations de Redbirds ou de la position du Téfécé. Un club aujourd’hui considéré à raison dans son secteur comme le premier ou nouveau roi… de la vallée des Datas ! #Lalilala